Avec un bon vent quasi de face, nous arrivons jusqu’à l’entrée de baie Rodney à Sainte-Lucie, sans devoir faire de virement de bord. Nous jetons l’ancre vers 15h, rangeons les voiles et je vais à terre avec notre petite annexe pour faire la déclaration d’entrée sur le territoire. Il est maintenant possible pour Sainte-Lucie et d’autres iles de préremplir les formulaires sur internet (www.eseaclear.com), il suffit alors une fois à la douane de l’imprimer, de le faire vérifier et tamponner. Mais lorsque j’arrive au local, j’apprends que le système Eseaclear ne marche pas actuellement et qu’il faut donc que je re-remplisse tout à la main. Pour plein de questions (Combien de cigarettes? Combien d'armes à feux? Combien d’animaux?), j’ai répondu «0» et je me suis fait engueuler par le douanier qui m’explique qu’il faut absolument écrire «none» et pas «0».
Visiblement je ne suis pas le seul, il a de la même manière engueuler une jeune collègue car elle a bu par cette chaleur de l’eau froide. On se demande vraiment qui c’est qui souffre le plus de surchauffe ici!
Une fois déclarés, je vais directement au magasin Island Water World où nous voulons acheter notre nouvelle annexe. Muni des papiers d'entrée sur le territoire, je remplis d'emblée les formalités pour pouvoir l'acheter détaxé.
D'après le guichet, il ne reste plus qu'un seul bateau Caribe jaune, plus grand que ce que nous voulons. Je le réserve pour le lendemain, car c'est le dernier. Lorsque nous revenons le chercher, nous apprenons qu'il y en a un autre de disponible à la bonne taille mais en gris, et nous décidons de prendre celui-là. Tout fiers, nous pagayons à travers le port pour rejoindre notre autre annexe amarrée à quai, pour la récupérer et pouvoir transférer le moteur sur la nouvelle. Vu la taille et avec le fond rigide, ce n'est pas facile de pagayer. Apparemment, ça se remarque de loin, car peu après, un homme sympa passe pas loin, fait demi-tour et nous demande en anglais si nous sommes heureux de notre situation actuelle, car cela en avait pas l'air!
Il nous prend en remorque, nous emmène jusqu'au quai et repart en nous saluant poliment. J'avais l'impression de le connaître mais n'arrivais pas à retrouver qui c'était, jusqu'à que quelqu'un lui crie «salut Chris»! Du coup je me souviens, il s'agit de Chris Doyle, auteur du plus célèbre des guides maritimes des Caraïbes.
En chemin de retour à bord, nous remarquons que l'annexe n'est pas étanche à l'avant au niveau du raccord. Je décide de le réparer moi-même, car c'est plus rapide et le résultat sera très certainement plus satisfaisant.
Les jours suivants, il fait tellement moche que nous restons à bord, il n'est pas possible d'aller faire un tour dehors sans se prendre une douche impressionnante. Parfois, il pleut de manière tellement forte que nous ne voyons même plus la plage.
Vendredi, le temps est enfin meilleur et nous décidons d'aller faire un tour à terre. Malheureusement, pendant le trajet, nous remarquons que l'annexe n'est vraiment pas étanche, l'eau passe entre le boudin et le plancher. Y'a pas le choix, il faut retourner à Island Water World. Le bateau est retiré de l'eau mais nous ne voyons pas fuite. Ian, le propriétaire du magasin, vient et trouve le problème. À l'arrière, il y a un trou pour évacuer l'eau entrée à bord. L'étanchéité n'est pas bonne et de l'eau entre dans la coque creuse. De là, l'eau arrive à l'intérieur du bateau par une deuxième fuite.
À partir de là, ça dure une éternité car Ian est en plein stress et doit partir. Un employé veut simplement boucher le trou avec un joint de silicone mais comme la fibre de verre est encore complètement gorgée par l'eau, nous refusons cette réparation. Une fois que la fibre de verre a été imbibée d'eau, elle peut pourrir et des bulles d'osmose peuvent se former. Il faut donc attendre que Ian revienne. Il nous propose soit faire une réparation compliquée, soit de nous rembourser, soit d'en prendre un autre. Nous choisissons le Caribe jaune en remplacement et nous retournons épuisés au voilier. Le tout a duré environ 6 heures en plein soleil. À l'origine, je voulais repartir d'emblée avec les papiers de l'ancien pour faire modifier l'enregistrement mais j'étais tellement crevé que finalement je suis allé dormir dans la cabine. Peu après, Monika me réveille en criant que l'annexe a disparu! Le temps que je me réveille et sorte, je vois s'approcher un couple dans une annexe en train de remorquer la notre derrière eux. Il s'agit de Canadiens qui ont remarqué que notre annexe était en train de se faire la malle. Et oui, comme nous avions prévu de repartir tout de suite, nous avions fait vite fait mal fait un nœud très simple et nous l'avions ensuite oublié de le corriger... Nous avons eu beaucoup de chance, cela aurait pu nous coûter très cher!
Samedi, nous réussissons enfin à aller à Castries. On aurait pu s'en passer, car comme toutes les villes des Caraïbes que nous avons vu jusqu'à présent, la ville est moche et bruyante. Mais au moins, nous trouvons un magasin d'informatique pour acheter un lecteur de carte microSD, car la connexion entre notre GPS portable et notre ordinateur ne marche plus, c'est pour ça que nous ne pouvions plus mettre à jour la trace de notre chemin sur notre page Web.
Ce qui est par contre plus gênant, c'est qu'en cas de problème, nous ne pouvons toujours plus utiliser notre ordinateur comme système de navigation complet mais juste afficher la carte.
Le lendemain, nous faisons un tour avec l'annexe de l'autre côté de la baie, il y a là un petit parc national. Nous nous promenons jusqu'aux ruines d'un ancien fort, et de là il y a une belle vue sur la baie Rodney, par beau temps, on peut même voir la Martinique. Une fois de retour en bas, nous visitons les restes d'une fortification militaire.
Deux jours plus tard, nous retournons ici pour faire du tuba.
Il est temps de repartir. Si nous voulons aller au Pitons, il nous faut partir tôt pour encore avoir une bouée de mooring. Nous décidons du coup d'aller voir la baie Marigot. Celle-ci est célèbre car le film Dr. Dolittle a été tourné là. Ce qui frappe tout de suite en arrivant dans la baie, ce sont les plages avec des palmiers, c'est très chouette.
Plus tard, nous allons à terre, mais sommes déçus, car mis à part quelques bars et magasins, il n'y a rien ni à la marina, ni sur la plage Dr. Dolittle.
Par contre, la vue depuis le bateau nous plait beaucoup et nous restons deux jours de plus. Puis nous repartons vers le nord en direction Martinique.