Le mardi 13 juillet, nous quittons Grenade au coucher du soleil ensemble avec l'Infinity et nous dirigeons vers les Testigos. Avec un vent arrière, nous pouvons complètement ouvrir le génois (voile avant) pour faire un papillon (une voile de chaque côté du bateau) et avançons à la vitesse de 6 nœuds. Juste avant d'atteindre le groupe d'iles, nous rencontrons un groupe de dauphins qui jouent avec nous. Ils nagent tellement près de la proue que j'ai peur qu'on les cogne mais évidemment ils sont nettement plus rapides que nous et il n'y a pas de danger. Peu après midi, nous jetons l'ancre devant une ile microscopique des Testigos. Cette petite ile rappelle les photos typiques des iles du mers du sud avec sable blanc, palmiers, une hutte et sinon rien de plus. Mis à part notre bateau, il y a juste un autre voilier et un bateau à moteur. Plus tard, deux autres plaisanciers allemands voguant en solitaire arrivent, Éric les a déjà rencontrés en allant regarder les matchs de foot à Grenade. Après avoir tout ranger et replier les voiles, nous nageons un peu et trainons le reste de l'après-midi. L'apéro du coucher de soleil, nous le prenons tranquillement à bord de l'Infinity.
Le lendemain, nous allons nous promener sur cette petite ile et inaugurons notre couverture de piquenique sur la plage le soir pour l'apéro devant le coucher de soleil. Nous sommes entre temps seuls, les autres bateaux sont partis.
Le jour suivant, nous partons à la voile vers 7h du matin pour aller à Porlamar sur l'ile Margarita, où nous arrivons en fin d'après-midi. De Porlamar, on en voit essentiellement des immeubles, pas très engageant. Dans la baie, beaucoup de bateaux sont à l'ancre: Margarita est une zone detaxée et un haut lieux touristique vénézuélien. Du coup, on trouve vraiment tout et pas cher. Notamment l'alcool ne coute quasiment rien et cela attire une certaine faune. Les vols et agressions sont plus courant ici qu'en moyenne au Venezuela. C'est pour cela que nous décidons de n'y rester qu'une nuit et faisons une dernière baignade en mer avant le continent. Sur l'ile, les orages, feux d'artifice et pétards se font concurrence.
Après une nuit bien trop courte, nous repartons à 4h du matin. Malheureusement, il y n'a pas un pet de vent et il faut faire tout le trajet au moteur. Éric ne se sent pas bien et passe presque toute la journée au lit. Pour les dauphins, il fait une exception, ils jouent de nouveau au loup avec nous et il y en a même un qui nage tout le temps sur le dos, on n'avait jamais vu ça.
Peu après le coucher du soleil, nous nous amarrons dans la marina Bahia de Redonda à Purto la Cruz à côté de l'Infinity. À quai, nous recevons l'aide des employé du port pour s'amarrer et quelques plaisanciers français nous souhaitent la bienvenue. Heidi et Bruno étaient déjà venus ici il y a quelques mois et connaissent les lieux ainsi que quelques autres plaisanciers. Éric a un fort mal de tête, ainsi que de la fièvre et retourne tout de suite au lit, pour y rester aussi le jour suivant. La fièvre n'est pas forte mais persistante et Heidi a aussi attrapé le virus et doit rester alitée.
À la marina, il y a une piscine où nous allons une fois Helga et Éric guéris. Dommage que l'eau soit trop chaude. Il y a aussi quelques iguanes qui se promènent dans les environs mais qui s'enfuient dès qu'on s'approche.
Dans le port, c'est très sur mais le nombre de gardiens montre que les environs ne sont pas terribles. Les deux portes sont toujours fermées et doivent être ouverte par un des gardiens. S'il ne te connait pas, il faut donner le nom du bateau et tout est noté. Quand ils sortent, les voitures des travailleurs dans le port sont contrôlées. La nuit, les tours de surveillances sont occupées en permanence et un équipe se tient à l'entrée du port côté mer. La marina est située juste à côté du quartier pauvre de Puerto la Cruz. De jour, on peut aller sans problème aux petits restaurants sur la plage d'à côté ou prendre le bus ou le taxi collectif pour aller au marché ou au centre-ville. Il faut juste ne pas prendre d'objet de valeur et n'emmener que l'argent nécessaire. Pendant notre séjour là-bas, «seule» une Française s'est fait arracher un petit sac à main. Il n'y avait presque pas d'argent mais par contre l'appareil photo pour lequel elle venait juste d'acheter un caisson étanche. Alors qu'elle allait monter à bord d'un taxi avec son mari et des amis, deux jeunes sur un vélo sont passés et lui ont arraché son sac. Le mari a sauté dans le taxi et ils ont pu suivre les voleurs pendant quelques temps mais ensuite ceux-ci ont réussi à s'enfuir dans un chemin étroit dans le bidonville.
L'alimentation ne coute vraiment pas cher et que de même la plupart des produits quotidiens qui sont moins chers ou au pire au même prix que chez nous. Et 100 litres d'essence coutent 1 (un!) euro, le diesel est moitié prix. Le courant et le gaz sont gratuits pour les plus pauvres.
Nous passons la plupart du temps avec Heidi et Bruno jusqu'à leur départ début août. Chaque mercredi, nous faisons un barbecue et chaque vendredi, un apéro à la piscine avec les quelques non-Français. Mis à part Heidi et Bruno, il y a Diane et Harald du Texas qui ont fini ici après leur tour du monde il y a pas mal d'année. Ils s'occupent entre-autre des nombreux chats de la marina. Il y a aussi Margret et Hans des Pays-Bas qui ont longtemps vécu et travaillé aux États-Unis ; Jeanny et George des États-Unis ; ainsi que Virginia et Jose d'Espagne à bord du Cap's III. Ces derniers veulent aussi traverser le canal de Panama en mars prochain et peut-être que nous pourrons le faire ensemble.
Pour le barbecue, il est habituel que chacun amène sa viande et boisson, ainsi qu'un plat ou un dessert pour tout le monde. Les Français forment un groupe à part car ils commencent les grillades au moment où les autres retournent déjà à leurs bateaux. Éric reste parfois avec eux pour discuter.
Chaque mercredi, Diane, Margret et Jeanny vont au marché, parfois je vais avec elles. Pour les grandes courses, Éric vient avec nous. Le marché est énorme mais avec la forte concurrence, on ne se fait pas arnaquer en tant qu'étranger. On peut même choisir soi-même ses fruits et légumes. Les balances sont suspendues au toit des stands et ne sont pas très exactes, s'il n'y a pas tout à fait un kilo, ils en rajoutent en peu plus. Le marché est toujours très fréquenté, entre les stands, des hommes poussent des charrettes et proposent leurs services: les gens peuvent y poser ce qu'ils ont acheté sur la charrette et l'homme les accompagne jusqu'à leur voiture.
À propos voitures: la plupart des voitures sont d'antiques américaines des années 1970 ou 1980. On pourrait se croire dans les coulisses d'un vieux film d'Hollywood. C'est pareil pour les taxis collectifs, qui ne tiennent que par du scotch. L'équipement intérieur n'est plus que rudimentaire. Les autobus semblent aussi venir d'une autre époque.